On a retrouvé le grain de beauté de Marylin

Non, il ne s’agit pas d’un inédit des albums de TINTIN. Mais l’action se déroule pourtant dans les mêmes années.

Deux faits coïncident en 1952.

D’un côté de l’Atlantique, une jeune et jolie femme, Marilyn, qui rêve de devenir actrice, est « harcelée » par son logeur car elle n’a pas payé son loyer. Afin de ne pas se retrouver à la rue, elle trouve une solution : poser nue pour un magazine. Pour éviter un scandale, elle en provoque donc un autre. Paradoxalement, celui-ci va lui apporter une renommée inespérée. Nous n’épiloguerons pas sur les raisons de ce succès : est-ce la plastique jugée irréprochable de Marilyn, ou le grain de beauté sur sa joue… ?

Nous retiendrons le grain de beauté, qui nous conduit de l’autre côté de l’océan Atlantique.

Pendant que Marilyn expose son grain de beauté et le reste, je termine mes études médicales et prépare une thèse de dermatologie. Je cherche désespérément un sujet et confie mon désarroi à un copain de faculté :

  • – MOUTARD, mon patron de thèse, veut un sujet collant à l’actualité avec toute la rigueur scientifique et médicale.
  • – Tu aimes les blondes ?
  • – Brigitte Bardot ?
  • – Viens chez moi, je vais te montrer quelque chose.

Julien a réalisé un agrandissement grandeur nature du calendrier de Marilyn. Tellement réussi que l’on croirait l’actrice dans la pièce, et c’est là qu’une révélation m’apparaît. Je détiens enfin le sujet de ma thèse :

  • – Ce grain de beauté sur sa joue n’est pas un vrai. Il cache quelque chose.
  • – Tu crois ?
  • – Je suis médecin-dermatologue, tu peux me croire.
  •  

Ma thèse est lancée et je vais en effet découvrir que le grain de beauté était dessiné par Marilyn elle-même pour dissimuler une tâche pigmentée due à un dérèglement de la production de mélanine, qui sera le sujet de mon travail. Ce petit artifice, qui aura contribué à la réussite de Marilyn, sera aussi à l’origine du succès de ma thèse.

Fin du premier acte.

Suite, où l’on parle enfin d’horlogerie.

Nous sommes en 2007. J’exerce mon métier avec amour et passion. Mon cabinet de dermatologie à Besançon jouit d’une excellente notoriété.

À la maison, je suis interpellé quotidiennement par mes enfants qui trouvent qu’un dermatologue roulant en Porsche Cayenne avec une Kelton au poignet, ce n’est pas classe. Ma Kelton date de mes études et j’y tiens car elle fonctionne parfaitement, mais ils insistent :

  • – Tu vas avoir 50 ans, c’est le moment.
  • – Pour acheter une Rolex, je connais la chanson…
  • – Il n’y a pas que Rolex dans la vie, mais il te faut une montre de luxe.

Nous visitons les boutiques d’horlogerie de Besançon. Cela prend peu de temps. Où est passée la réputation de Besançon, ville horlogère ?

Bref ! C’est mon petit-fils Jules qui va trouver la solution. Nous sommes en mars, en plein salon de l’automobile de Genève.

  • – Pourquoi n’irions-nous pas à Genève, papi ? Deux heures avec ton Cayenne, ce n’est rien.

Je craque bien sûr avec de tels arguments venant de mon petit-fils.

Premier jour du salon de l’auto : des marques qui rivalisent de créations dans un univers de luxe. Jules est ravi des véhicules, et des hôtesses. Je partage son point de vue.

Deuxième jour : direction rue du Rhône.

Si vous ne trouvez pas la rue, fiez-vous à votre sens de l’observation. C’est là où il y a le plus de limousines noires garées en double file, chauffeur au volant. C’est la rue où toutes les plus grandes marques horlogères au monde font du coude à coude, rivalisant de luxe et de richesse. Je suis subjugué par le luxe et la beauté des vitrines, ainsi que leurs noms prestigieux, et tire la manche de mon veston pour dissimuler ma Kelton. À ma gauche, Jules est admiratif devant les belles cylindrées et les mitraille avec son portable.

La rue du Rhône est faite pour rendre hommage à la beauté horlogère et automobile. Soudain, au numéro 40, devant la boutique Blancpain, je reviens 50 ans en arrière car je découvre, trônant parmi les montres pour dames – alors que j’étais venu pour les modèles masculins – la collection Villeret Women. J’aperçois, sur les pièces à phase de lune, une lune féminine, les yeux baissés, avec sur la joue gauche un grain de beauté (en forme d’étoile, Blancpain oblige). Je venais de retrouver le grain de beauté de Marilyn. Nous étions en 2007. J’ai presque les larmes aux yeux en pensant à ma thèse, au poster de Marilyn. L’histoire est-elle finie ? Pas tout à fait…

Suite et fin ; derniers rebondissements.

Le 6 novembre 2019, le magazine Le Point titre : « La montre de Marilyn retrouve la lumière ». J’apprends l’existence d’une montre Blancpain ayant appartenu à Marilyn Monroe et rachetée par la marque aux enchères en 2016. Cette pièce de style Art déco, produite dans les années 30′, a été exposée à New York dans le cadre de l’événement « Timeless Elegance ». L’article du point précise « qu’il existe encore aujourd’hui un lien discret entre Marilyn et Blancpain ». L’actrice aurait eu 93 ans, et sa montre en a 89. Dans « grain de beauté », il y a « beauté ». La légende demeure.